dimanche 30 novembre 2008

Mort à feu doux.




Depuis quelques jours, les médias nous remettent sur la table l’éternel sujet des pauvres SDF que l’hiver menace soudain. Comme si c’était maintenant vraiment qu’il fallait se soucier d’eux, que le froid ambiant et glacial nous pénétrait jusqu’à poignarder même nos consciences en les voyant dans la rue, surtout à l’approche des fêtes. L’hypocrisie humaine peut-elle ainsi nous pousser si loin ? Comment peut-on penser un seul instant que l’arrivée du printemps seule pourrait égayer leur quotidien miséreux de marginaux écartés de la société ? Et bien c’est par pure lâcheté. Nous ne pouvons supporter l’idée que l’aide dont ils ont besoin est une aide de tous les jours, de tous les instants, non pas seulement quand la température descend en dessous de zéro degré.
Si ce comportement est un instant excusable étant donné l’individualisme régnant dans notre société moderne, l’immobilisme de l’Etat est quand à lui tout bonnement révoltant. Et ce cri de révolte se fait encore plus fort quand on sait que l’Etat français a obtenu gain de cause en voyant l’association du DAL (Droit Au Logement) condamné à payer une amande de 12000 euros pour avoir installé des tentes dans la rue au profil des sans abris. Ainsi est-on récompensé d’aider les pauvres au pays des droits de l’homme. Quand aux pense aux centaines de mètre carrés non-occupés appartenant aux sociétés spéculatives ! Quand on pense aux églises, aux bâtiments militaires vides etc. on se dit qu’il y a bien là de quoi loger trois fois tous les sans abris de France !

Mais non, le gouvernement préfère la punition, bien sûr drapée de vertu. « Quand il fera trop froid, on obligera les SDF à aller dans des centres d’hébergements pour la nuit »entend-on au gouvernement, sans soucier que ces même SDF soient d’accord ou pas (sous entendu, on connait leur bien mieux qu’eux) sans trop se soucier de la sacro-sainte Liberté pourtant si chère aux pays démocratiques… Alors bien sûr le premier ministre infirme sa ministre un peu plus tard, on tergiverse. Mais encore une fois il est aberrant de voir comment les politiques successives de droite comme de gauche ne proposent que des solutions superficielle à ce problème si grave qui semble prendre à chaque fois un peu plus d’ampleur avec la précarité de plus en plus grande des ménages modestes qui sont les premiers à subir la crise économique mondiale. On ne s’en rend pas compte, mais cette persécution des SDF qui ne dit pas son nom a pour conséquence directe de les déplacer chaque fois un peu plus loin de nos villes, pour s’éteindre à chaque fois un peu plus loin de nos regards si haineux.

Quoiqu’il en soit, nous pouvons tous faire un geste individuellement pour contribuer à leur faire oublier un temps soit peu leur solitude. Car beaucoup de gens se trompe en croyant que donner une pièce à un mendiant est mauvais car il en devient plus fainéant. C’est faux. Donner une pièce un mendiant est un acte hautement symbolique car on lui montre qu’il y a encore une personne qui voit en lui un être humain comme tout les autre. Ce qui fait plonger ces gens là généralement ce n’est pas la faim comme on pourrait le croire, c’est ce sentiment d’être tellement à l’écart de la société qu’ils en deviennent des objets du décor, que le mendiant au pied de l’arbre devient presque arbre lui aussi. On ne se détourne même plus vers lui. De plus en plus des objets, de moins en moins des êtres humains. La fin de l’histoire est le suicide ou la mort à petit feu, dans les bois municipaux ou en banlieue, à l’écart de cette société qui les a pourtant produits et qui ne veut plus d’eux.


dimanche 16 novembre 2008

Education, où es-tu?


«Et surtout n’oubliez pas de refaire les exercices du livre hein ! » Cette phrase je l’ai entendu de la bouche du prof de physique chez qui je vais faire l’Etude. Cette phrase je l’ai entendu après 4 heures d’affilées de ces cours particuliers donnés dans la maison d’un professeur, devenu marchand comme presque tous les autres aussi. Mais comment en a-t-on bien pu en arriver là ?





L’état actuel de l’éducation en Tunisie ne laisse plus aucun doute là dessus : l’école n’est plus ce qu’elle était avant, c'est à dire une fierté. Il est bien loin le temps ou le président Bourguiba ne consacrait pas moins du tiers du budget du pays pour l’éducation ! Nietzche disait « Dieu est mort », on peut de même affirmer de nos jour que l’école est morte ainsi que les valeurs qu’elle transmettait. Une école qui faisait office d’ascenseur social pour les plus pauvres et mettait tous les élèves sur le même pied d’égalité. Les réformes successives du gouvernement tunisien ont finalement réalisé leur but caché : par la suppression de l’obligation des différents examens nationaux de la 6ème et de la 9ème on a crée une éducation portes ouvertes où le seul objectif est de vider rues et quartiers des jeunes qui traînent et de remplir collèges et lycées pour faire croire que tout va bien. Tout le monde est à l’école et tout le monde étudie ! C’est comme ça qu’on construit une dictature « clean » pour le monde, mais pour nous aussi. Et puis ensuite ce fut au tour du bac. Alors bien sûr, il ne l’ont pas supprimé (quand même, c’est le bac) mais d’année en année il perd de sa valeur jusqu’à devenir insignifiant même aux yeux de certains pays comme la France qui demande parfois de repasser le bac français aux tunisiens voulant poursuivre des études en France. Résultat : nos universités n’ont jamais connu un tel nombre d’étudiants. On a de plus en plus de diplômés (donc de plus en plus de chômeurs) qui sortent avec un niveau de plus en plus bas. L’exemple le plus flagrant est le niveau de français qui est à pleurer maintenant un peu partout. Un bachelier dans les années 70 était bien capable de tenir une conversation en français avec quelqu’un d’autre, les nôtres ne savent plus aligner trois mots.

Cependant, la suppression des examens nationaux n’est pas la seule cause du recul général de l’éducation. Il y a surtout le changement des programmes. On a mis des programmes de plus en plus inappropriés, mais dans des livres de plus en plus beaux (on en revient à la dictature « clean »). Les élèves ne captent plus rien à la longue. On se préoccupe plus alors du fond que de la forme. La plupart des profs balancent leur cours n’importe comment sans se soucier de faire exercer leur élèves, et nous touchons là à l’un des point le plus sensible du problème : ces fameux cours particuliers. Les profs ont bien pris conscience de la magnifique opportunité qu’offrait le système. Au lieu de se donner corps et âme en classe, de donner à faire des exercices et de corriger, ils font le minimum et passent en revanche des heures dans leur locaux à vendre leur savoir. Voilà que le savoir est devenu une marchandise comme une autre, et donc seulement accessible à ceux qui en ont les moyens. Les élèves sont bien sûr otage du système puisqu’ils voient bien que ce qu’on leur donne en classe est largement insuffisant pour affronter les examens. Alors ils passent encore des heures de plus, d’une étude à l’autre, au dépends d’un repos nécessaire parfois.

J’ai moi-même beaucoup souffert de ce système. D’habitude, je ne suis pas un gros bosseur, je suis plutôt du genre à bien comprendre les leçons et à me contenter de quelques exercices. Mais comment faire à présent avec des profs qui vont soit comme des escargots soit comme des fusées ? Comment faire lorsqu’ils se foutent complètement de préparer leur élèves à affronter exercices et problème et qu’ils ne voient en eux que des bourses d’argents susceptibles de faire grossir la leur ? Et bien j’ai du moi aussi passer des heures à gauche à droite chez tel ou tel prof, à compléter un paragraphe ou faire des séries d’exercices. Des séries et encore des séries. Il est aberrant de voir à quel point on se focalise sur la quantité en oubliant la qualité. Le résultat donne des robots nerveux faisant des exercices à la pelle et en un temps record, mais qui oublient la moitié des théorèmes l’année d’après, puisqu’ils ne savent même plus comment ils sont arrivés aux résultats ! Au final, on se coupe de plus en plus du monde qui nous entoure et de la société, on tue les dons artistiques qu’on avait en nous avant, et on travaille comme des robots.
Et oui, le monde est ainsi fait. Injustice sur injustice. Mais cela me fait penser que j’ai encore une tonne de travail à faire. Je m’en vais donc réviser mes «leçons »…

jeudi 6 novembre 2008

Obama: L'immense défi.

 




On a bien du mal à y croire, pourtant il l'a fait. Ou plutôt, ils l'ont fait. Les américains ont élu à une large majorité un noir pour être le 44ème président des Etats-Unis d'Amériques. On a du mal à y croire... car c'est dans ce même pays qu'il y a 50 ans les noirs étaient encore privé de leurs droits les plus élémentaires (inclus bien sûr, le droit de vote!), c'est dans ce même pays également qu'il y a quarante ans à peine étaient assassiné M.L. King, leader emblématique de la lutte pour les droits civiques, ainsi que J.F. Kennedy, militant anti-ségrégation lui aussi. C'était il y a de cela même pas une génération, on comprend dès lors mieux la réserve des partisans de sénateur noir, tant le racisme inavoué pouvait se cacher derrière les sondages pourtant très optimistes, tant le malaise s'était installé après que la plus part des partisans d’Hillary Clinton avaient juré préférer voter McCain plutôt qu’Obama. On ne tourne pas aussi rapidement certaines pages tragiques de l'histoire, et les blessures mettent du temps à cicatriser. Cependant au fur et à mesure que la campagne avançait, on voyait bien que certains n'osaient pas dire tout haut ce que l'ont pensait tout bas: pour la première fois, un homme de couleur pouvait dirigeait les Etats-Unis, un homme qui plus est encore inconnu il y a quelques années à peine et qui gravit les échelons du partis démocrate avec une rapidité fulgurante jusqu'à devenir président des Etats-Unis à 44 ans à peine. Un illustre inconnu sénateur depuis à peine 4 ans!

Dès lors on peut se poser des questions. Cette éclatante victoire est-elle le fruit d'un choix réellement fait par rapport au programme ambitieux de remise à niveau de l'économie américaine et d'aides aux classes moyennes et faibles si longtemps laissées de côté? Ou alors est-il du aux fait que la plus part de noirs, hispaniques et blancs on cédés à l'"Obamania" quasi mondiale? N'en demandons-nous pas un peu de trop d'un seul coup à ce candidat fédérateur par excellence qui devra calculer chacun de ses faits et geste pour contenter toute la masse de ses partisans? Voilà que maintenant vénézuéliens, cubains et boliviens lui en demandent autant qu'iraniens et palestiens! Outre un programme très ambitieux axé sur le "changement", le simple fait qu'il soit noir semble avoir de facto effacé le fait qu'il soit américain dans la tête de tous ces ennemis juré des Etats-Unis. Ils en oublient là deux choses essentielles: Un américain reste avant tout un américain qu'il soit blanc noir hispanique ou asiatique, et si tant d'Américains l'ont élu ce n'est pas parce que c'est un extraterrestre mais bien un citoyen dans lequel ils se sont reconnus. De plus, quand on parle de présidence, il ne faut pas oublier la real politique, celle qui fait que souvent beaucoup de promesses de campagne n'ont pas pu être tenues à cause de la dure loi du terrain (l'exemple français avec la question de droits de l'homme dans la campagne puis la présidence de Sarkozy en est le meilleur exemple).

Il ne faudra pas s'étonner alors de voir des déçus. Pour nous citoyens du monde, qui voyons en Obama ce farouche opposant à la guerre en Irak, il se montrera peut être bien moins séduisant quand il sera obligé de reconnaitre devant des millions de personnes la nécessité de plus de temps en Irak, ou en remarquant des positions diplomatiques n'évoluant que trop lentement avec la Russie, le Venezuela ou au Proche-Orient… Pour les citoyens américains, ce sera plutôt des mini-réformes économiques insuffisantes qui agaceront les gens tant ils se rendront compte que sa marche de manœuvre est limitée en face d'un système financier bien établi, et que le trou béant des déficits creusé lors de la période Bush prendra du temps pour disparaître.


Dans tous les cas il faudra laisser du temps aux temps et voir la réalité en face. Un seul mandat sera largement insuffisant pour mener à bien l’ensemble des réformes, et elles sont bien nombreuses. Le choix de son administration sera également crucial (on parle déjà de Rahm Emanuel (ex-conseiller de Clinton) comme secrétaire général de la Maison Blanche, John Kerry comme secrétaire d’état, ainsi qu’Al Gore..). Mais le nouveau président en est bien conscient, et c’est dans ce sens qu’il s’est réservé quelques jours de repos après 21 mois d’une campagne acharnée, préférant établir les futures fondations de son équipe à tête reposée, loin du brouhaha médiatique mondial qui a entouré son élection, loin aussi des ces milliers de voix qui résonnent encore sûrement dans sa tête scandant sans arrêt maintenant : « Yes, you can… »

mardi 4 novembre 2008

Que la lumière soit!

Un titre aux accents bibliques, je n'ai rien trouvé de mieux pour la naissance de mon tout jeune blog. Lecteur attentif de plusieurs autres de ces journaux pas si intimes que ça, j'ai décidé qu'il était grand temps pour moi aussi de me réserver quelques pages sur la blogosphère, quitte à m'exposer aux commentaires les plus acerbes mais fier en même temps de faire entendre ma voix, si petite soit-elle, parmi les millions d'autres voix sur le net. Mais ce choix s'est imposé également vu la nette progression des blogs obscurantistes,nauséeux, car ces personnes ont bien compris l'opportunité qu'offrait internet pour faire proliférer leur message. Je parlerai de choses diverses, tour à tour de questions de sociétés ou de loisirs, pour commenter l'actualité ou donner mon opinion dans un débat, car à n'en pas douter, Internet est aujourd'hui le plus vaste des champs de batailles qui, bien qu'il soit virtuel, est aussi le reflet d'un choc des civilisations bien réel...