dimanche 11 septembre 2011

Le 11 / 09 / 2001

  





 On dit que chacun d'entre nous se rappelle où il était et ce qu'il faisait le 11 septembre 2001. On dit aussi que cette tragédie moderne aurait induit en chacun de nous un élan spontané d'affection pour le peuple américain, une compassion forte, un lien qui aurait fait battre nos cœurs au rythme du leur, prélude à une aventure où tous les peuples aurait suivi aveuglement l'Oncle Sam dans sa juste vengeance aux nom de la Justice et de la Liberté. L'axe du bien devant l'Histoire s'était vu confié sa nouvelle mission et le monde entier applaudissait aux nouveau son de bottes venant du far west..


  J'avais onze ans le mardi 11 septembre 2001, encore quelques dents de lait, mais déjà une grande curiosité pour ce que les grands appelaient "politique". Assis sur le carrelage de notre salon, après un énième épisode lénifiant (mais que regarder d'autre?) de l'inspecteur Derrick, je m'apprêtais à passer mon après midi dans l'ennui des derniers jours de vacances. Quand soudain je vis pour la première fois de ma vie le mot " flash" à la télé, et David Pujadas s'invita sur le petit écran. Je me suis étonné de le voir apparaître ainsi, à ce moment, moi qui avait plutôt habitude de le voir au " journal de 20 heures ", que venait-il faire en ce début d'après midi? Puis mon souvenir se fait plus vague: il y a cette vision des deux tours brûlés, je me lève et vais appeler ma mère dans la cuisine, puis je passe l'après midi à voir ces jumelles de fer et de béton s'affaisser l'une après l'autre. Je regarde sans dire un mot, conscient de la gravité de la chose mais incapable de dire pourquoi, j'évitais de réfléchir. Le soir, assis à l'arrière de l'auto, je voyais au travers de la vitre ces images de flammes et de fumées, de désespérés sautant dans le vide , minuscules marionnettes aux fils coupés se précipitant dans une interminable chute de quelques secondes. Qui était donc ce Oussama Ben Laden ? Étais-ce lui " le méchant "? Ce souvenir dans ma mémoire en précède d'autres comme " Bouddhas de Bamiyan "; "Terrorisme" ; " Afghanistan ".    Pourquoi ces barbus avaient-ils donc détruit de si beaux et anciens vestiges? Il fallait donc les contre-attaquer, on ne pouvait pas se laisser faire ainsi.

  Plus tard je compris que " les gentils " n'étaient pas forcément si gentils, que les choses sont plus compliquées, que la télé ne dit pas toujours la vérité, que même parfois les gentils ne l'étaient plus du tout. Que reste-t-il du 11 septembre et de la théorie du choc des civilisations? Quelles leçons avons nous retenus de cette immense fuite en avant sur les sentiers de la violence que l'on disait combattre ? Quid des idéaux que l'on disait défendre? Peu de chose il me semble.. Dix ans après, on se borne à commémorer encore une fois les victimes du camps du plus fort, alors que cette guerre a fait plus de victimes et de dégâts chez les vrai faux méchants, l'histoire est toujours écrite par les plus fort. Pourquoi pleurer les 10.000 victimes civiles afghanes? Après tout, ce ne sont que des "victimes collatérales" de cette lutte pour la démocratie, même si cette dernière tarde à arriver... Qui va pleurer pour l'Irak et pour les irakiens? Les chaînes de télévisions iront-elles voir les centaines de milliers de réfugiés qui ont quitté un pays à feu et à sang? Les chefs d'états auront-ils le courage de parler des dizaines de milliers de civils irakiens morts au nom de la démocratie? Les manuels scolaires retiendront-ils toutes les dates? Non, ils n'auront que leurs yeux pour pleurer, le monde est ainsi fait qu'un pays jeune d'à peine plus de deux siècles drapée dans sa vertu s'en va donner des leçons à des civilisations plus que millénaires. Go! Go! Go! L'oncle Sam, cet ami qui vous veut du bien, mais business is business. A moins que...

 A l'heure du printemps arabe, que les médias se sont empressé de médiatiser après avoir royalement ignoré les problèmes de ces pays, il semblerait que le vent commence à tourner, que les cartes se redistribuent, et que de nouveaux acteurs entrent dans la danse. Les révoltes en Tunisie et en Égypte on définitivement montré que le citoyen arabe voulait plus que jamais entrer enfin dans le XXI ème siècle et écrire lui même son histoire, que la démocratie ne pouvait sortir de la bouche des canons et des missiles de F-16. Les thèses culturalistes suggérant - à demi-mot - l'immaturité des ces peuples à se diriger eux même étaient balayées d'un coup. Oncle Sam s'enlisait éternellement dans son bourbier et, pire encore, voyait ses économies menacées de disparaitre. La Chine faisait maintenant partie de la cour des grands et compte bien réclamer sa part du gâteau, suivie de très près par le mastodonte démographique indien, la Russie à la fierté retrouvée, et le Brésil bien décider à participer à cette samba des puissants, le monde devient multipolaire. Qu'est-ce que le onze septembre? C'est aussi la date où Oncle Sam assassina Salvadore Allende par le biais d'un dictateur sanguinaire, but who cares? Qu'est-ce que le onze septembre? C'est l'anniversaire d'un autre dictateur, Bachar Al-Assad, digne héritier de la barbarie de son père au nom d'une idéologie qu'ils furent les premiers à trahir, but who cares? Mais la mémoire collective, sans cesse refaçonnée par les médias, ne retiendra probablement que le premier onze septembre, le plus juste et le plus noble. Les victimes collatérales elles, qu'elles soient chilienne,syriennes, ou irakiennes, attendront encore...





"Kill me!"
Little syrian girl