dimanche 16 novembre 2008

Education, où es-tu?


«Et surtout n’oubliez pas de refaire les exercices du livre hein ! » Cette phrase je l’ai entendu de la bouche du prof de physique chez qui je vais faire l’Etude. Cette phrase je l’ai entendu après 4 heures d’affilées de ces cours particuliers donnés dans la maison d’un professeur, devenu marchand comme presque tous les autres aussi. Mais comment en a-t-on bien pu en arriver là ?





L’état actuel de l’éducation en Tunisie ne laisse plus aucun doute là dessus : l’école n’est plus ce qu’elle était avant, c'est à dire une fierté. Il est bien loin le temps ou le président Bourguiba ne consacrait pas moins du tiers du budget du pays pour l’éducation ! Nietzche disait « Dieu est mort », on peut de même affirmer de nos jour que l’école est morte ainsi que les valeurs qu’elle transmettait. Une école qui faisait office d’ascenseur social pour les plus pauvres et mettait tous les élèves sur le même pied d’égalité. Les réformes successives du gouvernement tunisien ont finalement réalisé leur but caché : par la suppression de l’obligation des différents examens nationaux de la 6ème et de la 9ème on a crée une éducation portes ouvertes où le seul objectif est de vider rues et quartiers des jeunes qui traînent et de remplir collèges et lycées pour faire croire que tout va bien. Tout le monde est à l’école et tout le monde étudie ! C’est comme ça qu’on construit une dictature « clean » pour le monde, mais pour nous aussi. Et puis ensuite ce fut au tour du bac. Alors bien sûr, il ne l’ont pas supprimé (quand même, c’est le bac) mais d’année en année il perd de sa valeur jusqu’à devenir insignifiant même aux yeux de certains pays comme la France qui demande parfois de repasser le bac français aux tunisiens voulant poursuivre des études en France. Résultat : nos universités n’ont jamais connu un tel nombre d’étudiants. On a de plus en plus de diplômés (donc de plus en plus de chômeurs) qui sortent avec un niveau de plus en plus bas. L’exemple le plus flagrant est le niveau de français qui est à pleurer maintenant un peu partout. Un bachelier dans les années 70 était bien capable de tenir une conversation en français avec quelqu’un d’autre, les nôtres ne savent plus aligner trois mots.

Cependant, la suppression des examens nationaux n’est pas la seule cause du recul général de l’éducation. Il y a surtout le changement des programmes. On a mis des programmes de plus en plus inappropriés, mais dans des livres de plus en plus beaux (on en revient à la dictature « clean »). Les élèves ne captent plus rien à la longue. On se préoccupe plus alors du fond que de la forme. La plupart des profs balancent leur cours n’importe comment sans se soucier de faire exercer leur élèves, et nous touchons là à l’un des point le plus sensible du problème : ces fameux cours particuliers. Les profs ont bien pris conscience de la magnifique opportunité qu’offrait le système. Au lieu de se donner corps et âme en classe, de donner à faire des exercices et de corriger, ils font le minimum et passent en revanche des heures dans leur locaux à vendre leur savoir. Voilà que le savoir est devenu une marchandise comme une autre, et donc seulement accessible à ceux qui en ont les moyens. Les élèves sont bien sûr otage du système puisqu’ils voient bien que ce qu’on leur donne en classe est largement insuffisant pour affronter les examens. Alors ils passent encore des heures de plus, d’une étude à l’autre, au dépends d’un repos nécessaire parfois.

J’ai moi-même beaucoup souffert de ce système. D’habitude, je ne suis pas un gros bosseur, je suis plutôt du genre à bien comprendre les leçons et à me contenter de quelques exercices. Mais comment faire à présent avec des profs qui vont soit comme des escargots soit comme des fusées ? Comment faire lorsqu’ils se foutent complètement de préparer leur élèves à affronter exercices et problème et qu’ils ne voient en eux que des bourses d’argents susceptibles de faire grossir la leur ? Et bien j’ai du moi aussi passer des heures à gauche à droite chez tel ou tel prof, à compléter un paragraphe ou faire des séries d’exercices. Des séries et encore des séries. Il est aberrant de voir à quel point on se focalise sur la quantité en oubliant la qualité. Le résultat donne des robots nerveux faisant des exercices à la pelle et en un temps record, mais qui oublient la moitié des théorèmes l’année d’après, puisqu’ils ne savent même plus comment ils sont arrivés aux résultats ! Au final, on se coupe de plus en plus du monde qui nous entoure et de la société, on tue les dons artistiques qu’on avait en nous avant, et on travaille comme des robots.
Et oui, le monde est ainsi fait. Injustice sur injustice. Mais cela me fait penser que j’ai encore une tonne de travail à faire. Je m’en vais donc réviser mes «leçons »…

4 commentaires:

DIDON a dit…

Très très bien excellent même ce que vous dites émane d'une personne qui a au moins le sens et le talent de la critique le sens des responsabilités le sens d'une logique qui ne peut pas se faire détourner pour se faire ridiculiser!!
Bravo et encore bravo, moi je côtoie quotidiennement des dizaines d'élèves et bien sûr des collègues qui sont fatigués de ce systèmes qui leur fait oublier qu'ils sont des êtres humains et qu'ils ont droit à une dignité et un peu plus de confort dans leur travail pas du confort personnel mais un confort qui leur permet de bien travailler mais que faire eux qui n'arrivent plus à subvenir à leurs besoins quotidiens
moi par principe je ne fais pas de cours particulier parce que j'ai trois enfants et je fais des études mais il ne faut pas oublier autre chose c'est que les écoles ,les collèges et les lycées sont livrés à eux même pas de moyens pas d'entretiens pas de suivis .....
enfin je t'invite à lire http://mraghabia.blogspot.com/2008/09/liberons-lecole-dieu-la-kidnappe.html
Je suis vraiment heureuse d'avoir lu une critique aussi lucide! BRAVO

Red Lord a dit…

@ mra ghabia:
merci pour le commentaire! cependant il y a une chose si vous permettez que je n'ai pas compris: donnez-vous des cours particuliers? Quelque soit la réponse, je ne me permetterai pas de donner un jugement, loin de moi cette idée. Je veux juste pousser à la reflexion. Je suis tout à fait conscient de la situation des élèves et des professeurs. Et puis si vous dites que je fais une bonne analyse, c'est sûrement parce que je l'a vis de l'interieur et en souffre beaucoup, vu que je suis le seul apparemment parmis mais amis qui aient pris conscience de la chose. Cependant je voudrais vous rappeler qqch: les enseignants ne sont pas les plus malheureux car leur salaire dépasse bien le smic en tunisie ce qui n'est pas le cas en france(le salaire d'un prof débutant est quasiment au niveau du smic.)
Que certtains profs veulent gagner plus, je le comprends parfaitement, mais à ce moment là il devrait y avoir juetement possibilité de faire des heures supplémentaires à l'école, payées par l'état, et qui feraient avancer les élèves les plus faibles-au lieu qu'il y ait cette école parallèle qui fait refaire ses devoirs aux élèves de tous niveaux-C'est CA le rôle du service publique.
Les profs qui font l'étude sont en gros excusés donc car il sont bon gré mal gré influencé par la société où ils vivent et où tous leurs collègues font de même. Il n'empêche, il reste qu'ils sont libre et auraient pu choisir de rester fidèle à leur engaement d'être prof kima na3ref ena jusqu'au bout.
Je vais lire votre article tout de suite! ;)

DIDON a dit…

Relisez mon commentaire et vous trouverai la phrase suivante "moi par principe je ne fais pas de cours particulier parce que j'ai trois enfants et je fais des études " donc si je ne fais pas des cours particulier c'est par pure principe, car je pense que notre ministère nous fait un "joli" chantage dans le quel quelques un y trouvent leur compte ( tu te tais sur le manque de moyen et le salaire = et moi / le ministère , je ferme l'œil sur les cours à domicile) mais à la moindre erreur qui sera jugé c'est bien sûre l'enseignant.
Il y a des situations bien graves dans notre système éducative:
1- l'éducation religieuse comme discipline
2- les sciences qui n'ont pas leur la place qu'ils méritent pour former une pensée rationnelle;
3- la littérature n'a plus de rôle alors que c'est avec des texte de littérature qu'on apprends " la vie" "la critique" " l'engagement" ...
bien que j'ai une formation scientifique, j'ai été bien marquée par des romans même celle pour enfants que je lisais à l'école primaire;
*** Ceci n'empêche que la conscience de la plus par des enseignants est loin d'être celle des personnes qui soient , malgré tout leur efforts ,capable d'influencer leurs élèves ou la société et c'est malheureusement le plus décevant car ce n'est qu'avec l'école que les sociétés avancent et nous on ne fait que "marche arrière"

Anonyme a dit…

Il me semble que les salaires des enseignants doivent être "revisés". Une augmentation ne sera que benefique pour cette noble profession.Quant aux élèves qui ne peuvent pas se payer les cours particuliers à domicile, ils doivent savoir qu'il y a des cours de rattrapage dispensés dans tous les etablissements publiques et par les enseignants des dits Collèges et Lycées. Ces séances à TARIFS SYMBOLIQUES sont données les vendredi et samedi et parfois même les dimanche .Bien entendu, les élèves necessiteux beneficient de la gratuité . le nombre des élèves depasse la dizaine par seance ,ce qui donne un plus au travail collectif.
Malheureusement , certains parents encouragent et exigent que leurs enfants prennent des cours particuliers chez leurs professeurs de classe soit à domicile soit dans des garages aménagés pour et cela est bien evidemment interdit par des lois et circulaires...

DONC "tchaicha milhenna outchaicha min r'tabet el yeddine"
el le RED rouge devient vert pour une poignée de dollars !!!!!!!!!!!!